Questions-réponses : Clémence

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Peux-tu résumer ton parcours universitaire/professionnel ?

Après un bac ES, je suis allée en classe préparatoire Chartes au lycée Henri IV pour intégrer l’École Nationale des Chartes (ENC). À l’issue de trois années de formation, j’ai décidé de m’inscrire à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) en Études médiévales pour faire un master recherche. J’ai aussi fait un master 2 préparation au concours à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne pour préparer le concours de l’Institut National du Patrimoine (INP) en spécialité Archives. Enfin, j’ai intégré le master 2 Gestion des Archives et de l’Archivage de Saint-Quentin-en-Yvelines au début de cette année.

Quelles ont été tes expériences dans le monde des archives ?

Dans le cadre de mon mémoire sur « Les premiers temps de la principauté d’Orange, XIIe-XIVe siècles », j’ai pu fréquenter les salles de lecture des Archives Nationales des Pays-Bas, des Archives départementales de Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et de l’Isère, ainsi que celle des Archives municipales d’Orange. Mais, désireuse de persévérer dans la connaissance du métier d’archiviste, j’ai fait trois stages d’un mois chacun : le premier aux Archives Nationales à Paris, le deuxième aux Archives départementales de Vaucluse, et la troisième aux Archives de la CFDT afin de découvrir le métier d’archiviste dans sa globalité, sa polyvalence et son rapport à la réalité. J’ai ainsi autant travaillé sur des archives médiévales, modernes que contemporaines.

Pourquoi avoir intégré le master 2 GDA de l’UVSQ ?

Pour être totalement honnête, le master 2 Archives de l’UVSQ était mon plan B au cas où je ne serais pas admissible/admise au concours de l’INP. Cependant, j’avais bien étudié la plaquette du master, il me semblait être une bonne entrée en matière avant le plongeon dans le grand bain du monde professionnel (nombreux projets différents : organisation d’une journée d’études, faire un audit en commune, stage de 4 mois) et il était proche de Paris ! Je ne regrette pas du tout mon choix aujourd’hui.

Quand as-tu décidé d’intégrer une formation en archives ? Quelle a été la réaction de ton entourage ?

Lorsque j’étais au lycée, j’ai fait une visite des Archives nationales de Paris et j’ai eu un véritable coup de cœur pour les archives. J’ai été impressionnée par la Galerie du Parlement, j’ai apprécié la sensation du parchemin et du vieux papier sous mes doigts et j’ai aimé (et j’aime toujours d’ailleurs) cette odeur de poussière historique (ça vend du rêve…). J’ai eu la chance de faire mes 2 premiers stages dans des lieux historiques, emblématiques et magnifiques : les Archives nationales à Paris et les Archives départementales de Vaucluse installées dans le palais des Papes.

Galerie du Parlement, Archives Nationales de Paris / Chapelle Benoît XII, Archives départementales de Vaucluse

Mon entourage a découvert un nouveau métier et finalement je leur prouve (enfin j’espère), par mes études et mes stages, que c’est un métier moderne et tourné vers l’avenir.

Quelle est ta définition des archives et du rôle de l’archiviste ?

Je dirais que les archives sont les preuves pour le citoyen, les sources et la matière première pour les historiens et un trésor patrimonial et national pour tout le monde. L’archiviste est le gardien des archives et de la mémoire mais c’est aussi celui qui transmet et qui rend service à la communauté.

Quel est le type d’archives que tu préfères ?

J’ai un petit faible pour les archives anciennes de par mon premier contact avec les archives et mon attachement à l’histoire médiévale : j’ai beaucoup aimé travailler sur le fonds des princes d’Orange qui est d’une richesse incroyable et que je n’ai pas encore fini d’explorer. J’ai aussi eu le plaisir de découvrir au hasard d’un rayonnage aux Archives nationales un superbe chartrier de l’abbaye Sainte-Geneviève (petit ouvrage relié avec des enluminures colorées et dorées coté S 1626/1). J’ai encore beaucoup d’autres exemples, mais il fallait se canaliser !

S 1626/1 (Archives Nationales) : Détails du chartrier de l’abbaye de Sainte-Geneviève

Que souhaites-tu faire après le master ?

Dans l’idéal, trouver un poste rapidement, plutôt dans la région parisienne, mais peu m’importe la structure (un service d’archives publiques ou privées) ainsi que le type d’archives (anciennes, modernes, numériques), je m’adapterai.

Une personne/personnalité qui t’inspire ?

Hum…je dirais Marie-Adélaïde Nielen, conservatrice aux Archives Nationales de Paris, car c’est grâce à elle que je suis arrivée dans ce milieu et c’est elle qui m’a transmis la passion et le goût des archives !

Un conseil à un futur étudiant en archivistique ?

Rester curieux et ouvert d’esprit.

Si tu devais être un document d’archive, lequel serais-tu ?

Une lettre. Elle représente une partie de son auteur, elle peut-être formelle, intime, joyeuse, etc. Elle est la trace du passage d’une personne.

Un dernier mot avant la fin ?

Hum… je dirais le document 2E25/16 des Archives départementales de Vaucluse : c’est un acte petit par sa taille (comme moi), modeste dans sa conception, joli dans l’écriture, bien organisé avec une belle réglure, une justification respectée, des abréviations courantes… et pourtant d’une grande importance pour la compréhension des stratégies matrimoniales dans la famille des Baux-Orange. Comme quoi ce n’est pas la taille qui compte…

2E25/16 (AD84) :
Déclaration du prince Guillaume Ier des Baux, prince d’Orange, reconnaissant avoir voulu se séparer de sa femme Ermengarde de Mévouillon en invoquant de fausses raisons, et par conséquent il doit la dédommager et lui verser des indemnités.

Questions-réponses : Anne-Élise

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Peux-tu résumer ton parcours universitaire/professionnel ?

J’ai fait un bac L spé anglais avec options latin et arts plastiques, puis j’ai découvert les études supérieures avec l’École du Louvre. Durant le premier cycle (équivalent licence) en Histoire de l’Art et archéologie, j’ai choisi une double spécialisation en histoire de la mode et en anthropologie culturelle. J’ai continué en deuxième cycle (équivalent master) avec une première année en muséologie focus administration du patrimoine, puis la seconde en parcours documentation et humanités numériques.

Quelles ont été tes expériences dans le monde des archives ?

Un stage initiatique d’un mois au ministère de la Justice sur les archives d’une conseillère parlementaire de la ministre Christiane Taubira m’a fait découvrir cet univers. Un second de deux mois au ministère de l’Éducation nationale au sujet des archives de l’Observatoire National de la Sécurité des établissements scolaires m’a confirmé cette passion naissante. J’ai donc décidé de donner une dominante archives à mon année de M2 à l’École du Louvre en réalisant le stage de fin d’études au Musée d’Orsay (archives des expositions temporaires tenues au musée de 1986 à 2009) accompagné d’un mémoire sur les archives publiques dans les musées nationaux sous statut d’établissement public.

Pourquoi avoir intégré le master 2 GDA de l’UVSQ ?

L’École du Louvre n’ayant pas de formation complète dans le domaine des archives, il me fallait continuer mes études dans un master archives. De nombreux professionnels m’ont conseillé celui de l’UVSQ et je souhaitais de plus continuer mes études en région parisienne.

Quand as-tu décidé d’intégrer une formation en archives ? Quelle a été la réaction de ton entourage ?

Durant l’été 2018, entre ma troisième année [équivalent de la L3] et mon M1, j’ai fait un stage d’initiation à l’archivistique d’un mois, qui a été une sorte de révélation : j’ai alors décidé de m’orienter dans ce domaine. Cela n’a pas choqué mon entourage… J’ai d’ailleurs retrouvé les résultats d’un test d’orientation réalisé durant ma seconde (2011-2012), parmi les deux-trois métiers qui étaient « faits pour moi » était mentionné celui d’archiviste !

Quelle est ta définition du rôle de l’archiviste ?

Pour moi, l’archiviste est celui qui prépare le passé pour le futur.

Quel est le type d’archives que tu préfères ?

J’ai un goût particulier pour les archives liées à la mode et celles des musées. La notion d’« archives » au sein des maisons de mode m’intéresse grandement.

Que souhaites-tu faire après le master ?

J’aimerais réaliser un doctorat dont le sujet porterait sur l’industrie textile au XIXe siècle dans la vallée picarde dont je suis originaire (je vous la fais brièvement bien sûr, sinon je risque de trop écrire). Puis j’aimerais passer les concours de la conservation du patrimoine en spécialité archives.

Une personne/personnalité qui t’inspire ?

Anne Rohfritsch, ma tutrice de stage au ministère de l’Éducation nationale lorsqu’elle occupait le poste d’adjointe au chef de la mission des archives et du patrimoine culturel. Elle m’a fait découvrir d’autres aspects du monde des archives, m’a formée au classement et m’a donné encore plus le goût de ce milieu. Ancienne du master, elle m’a (très) fortement conseillé d’y candidater !

Un conseil à un futur étudiant en archivistique ?

Faire des stages !

Si tu devais être un document d’archive, lequel serais-tu ?

Choix très dur…! Je pense à un journal personnel d’Eugène Delacroix datant de 1847 et conservé à la Bibliothèque de l’Institut National d’Histoire de l’Art. Il a utilisé un agenda pour se motiver à écrire chaque jour… Cela m’a rappelé mon année de terminale car j’avais fait la même chose mais je n’ai pas réitéré l’expérience.

Un dernier mot avant la fin ?

Questions-réponses : Sallimata

Peux-tu résumer ton parcours universitaire/professionnel ?

J’ai eu un bac L, ensuite j’ai passé le concours d’entrée à l’École de Bibliothécaire Archivistes et Documentalistes (EBAD) du Sénégal et c’est ainsi que j’ai été choisie pour intégrer le parcours archives. J’ai fait trois années de formation dans cette école qui se sont soldées par l’obtention d’une licence en Science de l’information documentaire parcours archives. J’ai ensuite fait une préinscription à l’université d’Aix-Marseille afin d’intégrer le Master archives qu’elle proposait. A la fin de cette première année de Master j’ai décidé de changer d’université et c’est par la suite que je me suis inscrite à l’Université de Versailles-St-Quentin qui proposait une formation qui répondait à mes attentes. Et depuis, j’y suis encore!

Quelles ont été tes expériences dans le monde des archives ?

J’ai eu l’occasion d’effectuer plusieurs stages. Pendant mes trois années de formation en licence archivistique? j’ai effectué un premier stage de 2 mois dans une société nommée Société Nationale des Habitations à Loyers modéré (SN/HLM). Ce stage m’a beaucoup aidé à comprendre le métier des archives, j’ai pris en charge un versement en vrac que j’ai trié, classé, coté et conservé tout en assurant la communication d’autres archives. J’y ai découvert beaucoup d’instruments et d’outils (comme les bordereaux, inventaire, répertoire entre autres). L’autre stage s’est déroulé à la Direction des marchés publics du Sénégal (DCMP) où c’était spécifiquement du pré-archivage et de la numérisation. Le dernier s’est déroulé au Trésor Public Sénégalais avec comme tâche la numérisation. Avant de rejoindre le Master d’Aix-Marseille, j’ai travaillé durant 1 mois comme bibliothécaire à la Direction du Livre et de la Lecture du Sénégal (DLL). Le premier stage que j’ai effectué durant le master s’est déroulé à la Médiathèque de l’Université d’Aix-Marseille, où le travail était axé sur le classement, l’indexation et la valorisation. Durant la première année de Master à l’UVSQ, j’ai effectué un stage dans une collectivité (Mairie du Chesnay-Rocquencourt) où j’ai également pu voir beaucoup de tâches archivistiques comme le récolement, la rédaction de tableaux de gestion, etc.

Pourquoi avoir intégré le master 2 GDA de l’UVSQ ?

J’ai choisi ce master déjà parce que je ne suis pas historienne (lol), ensuite parce que le programme intègre une formation à la fois théorique et pratique qui prend en compte l’avancée archivistique du point de vue numérique. Ça change des formations classiques qui intègrent l’archivistique à l’histoire et qui la considèrent comme un domaine qui ne peut servir que pour la recherche, alors qu’il est bien plus large que ça.

Quand as-tu décidé d’intégrer une formation en archives ? Quelle a été la réaction de ton entourage ?

J’ai eu des réactions très positives. J’avais pour but d’intégrer l’EBAD pour suivre une formation en bibliothéconomie mais mon père m’a conseillé de faire une formation en archivistique, ainsi que certains de mes anciens professeurs. Ils m’ont encouragé dans ce choix et continuent à le faire

Quel est le type d’archives que tu préfères ?

Les archives photographiques. Je trouve que les images sont beaucoup plus parlantes.

Que souhaites-tu faire après le master ?

Je souhaite trouver un poste, n’importe où ! Il faut juste que ce soit dans un service d’archives avec des collègues plus ou moins cools.

Une personne/personnalité qui t’inspire ?

Un de mes anciens professeurs, M. Ahmet NDIAYE. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup marqué par sa méthode d’enseignement, sa fierté à parler des archives et par sa détermination à motiver les étudiants qui ont choisi ce domaine.

Un conseil à un futur étudiant en archivistique ?

Il faut être motivé et ne pas être susceptible.

Un dernier mot avant la fin ?

Archiviste un jour, archiviste pour toujours !

Questions-réponses : Anne-Lise

Peux-tu résumer ton parcours universitaire/professionnel ?

  • Bac Littéraire Option théâtre
  • Prépa Littéraire Hypokhâgne/Khâgne pendant 3 ans
  • Licence 3 Lettres Classiques
  • Master 1 Recherche Lettres Classiques
  • Master 2 Recherche Lettres Classiques
  • Master 1 GDA

Quelles ont été tes expériences dans le monde des archives ?

  • Stage 1 mois aux Archives Municipales et Communautaires d’Amiens
  • Stage 2 mois à la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française
  • Stage 1 mois Archives du Ministère de la justice
  • Recherche de stage en AD pour cette année !
  • Sinon, pas des archives, mais une bibliothèque : job étudiant à la bibliothèque de l’UFR [Unité de Formation et de Recherche] de Grec de la Sorbonne pendant 2 ans

Pourquoi avoir intégré le master 2 GDA de l’UVSQ ?

Ça s’est fait un peu comme ça, au fil de l’eau : je ne voulais pas devenir prof (ce qui après des études en Lettres Classiques reste la voie principale), en travaillant en bibliothèques, j’ai été amenée à discuter avec plusieurs personnes travaillant dans le monde des bibliothèques mais aussi des archives, j’ai réfléchi et je me suis dit que travailler dans les archives me correspondrait mieux (c’est un monde plus ouvert que les bibliothèques, ce n’est pas que du culturel). J’ai fait un stage aux Archives municipales d’Amiens, ça m’a bien plu ; comme je voulais essayer de rentrer directement en M2 (parce qu’au bout d’un moment les études ça pèse un peu…), j’ai postulé à l’UVSQ, qu’on m’avait conseillée et qui en plus de cela était proche de mon logement. Au final, j’ai été acceptée mais en M1, et voilà ! Tadaaaaam !

Quand as-tu décidé d’intégrer une formation en archives ? Quelle a été la réaction de ton entourage ?

Voir ci-dessus pour la question 1. Pour la question 2, hummmm : mon entourage était rassuré ? Parce que je trouvais enfin une voie qui me plaisait. Sinon, pas vraiment de réaction sachant qu’ils ne connaissent pas bien ce métier.

Quelle est ta définition des archives et du rôle de l’archiviste ?

Les archives : ce sont des traces et des preuves, qui témoignent de l’existence, du passage, de l’évolution, de quelqu’un ou quelque chose (une personne, un organisme, un État, un concept, un bâtiment, etc.). Des ruines sont aussi des traces et des preuves de ce qui a été, mais par leur forme ce ne sont pas des archives. Les archives sont davantage liées à la notion de document et à l’acte d’écrire, de mettre par écrit (ou par dessin), quelque chose.

L’archiviste : tout d’abord, quelqu’un qui est utile. Qui aide les gens à y voir plus clair dans tous les documents qu’ils ont. Qui garde et veille sur les traces et les preuves que sont les archives et fait en sorte qu’on n’oublie pas leur existence et leur intérêt derrière une toile d’araignée.

Quel est le type d’archives que tu préfères ?

C’est très très général mais…les archives qu’on peut manipuler avec ses mains, qui sont tangibles, physiques. Quand on est un bébé, le premier contact qu’on a avec le monde, c’est avec les mains, c’est sensoriel. On touche, on sent avec nos menottes (ou nos dents), on expérimente, on comprend et appréhende mieux ce qui nous entoure, et on s’approprie mieux aussi les choses. Cette expérience sensorielle n’est pas possible avec les archives numériques et ça me donne l’impression d’être aveugle, d’être privée d’une partie de mes sens, ce qui est très gênant.

Que souhaites-tu faire après le master ?

Trouver un poste (les études, noooooon, j’en ai assez fait). Je me suis inscrite aussi à un concours de la fonction publique pour voir ce que ça donne, j’attends de voir si ma candidature est acceptée (parce qu’on m’a déjà fait le coup en me disant que non, je ne pouvais pas m’inscrire).

Une personne/personnalité qui t’inspire ?

Euh…mes parents. Ma mère ne sait absolument pas trier ses affaires, elle garde absolument tout, en met partout, et résultat, ça s’entasse jusqu’au plafond, on ne peut pas circuler et on n’y retrouve rien du tout. A l’inverse, mon père est bien organisé, on voit tout de suite la différence dans son bureau : on y trouve ce qu’on cherche. On peut donc dire, que d’une certaine façon, ils m’ont fait apprécier les archives, le fait de bien trier et de bien conserver les documents, d’évaluer ce qui a un intérêt à être conservé ou non. Ce n’est pas très académique comme réponse, mais c’est issu de la vie quotidienne, qui peut être parfois plus inspirante que les grands noms de ce monde.